La fournaise

Presque 15 ans que tu vis en Israël. Presque 8 ans que tu as posé tes valises dans le Nord. Ces derniers temps, tu t’es dit plusieurs fois que tu souhaitais écrire sur la coexistence pacifique avec les arabes israéliens, ici, dans les montagnes de Galilee. Pas sur l’espoir de paix, non, non, sur la paix qui existe vraiment, au jour le jour. Tu avais même développé une théorie sur l’air pur qui adoucit les moeurs. Tu cherchais les mots justes pour témoigner, en écrivant sur toutes ces interactions du quotidien avec eux, sur le respect mutuel, sur le fait que oui, c’est possible, que c’est même la réalité sur le terrain. Mais tu ne l’as pas fait, parce que quelque chose ne sonnait pas exactement juste et ce soir, alors que les villages “amicaux” de ta région s’embrasent en soutien au Hamas, tu prends une claque: en fait, ce n’est pas un problème de justesse, c’est juste que tout n’était qu’illusion.

Pendant que tes proches du Centre d’Israël passent leur soirée dans les abris, tu reçois des vidéos des pneus qui brûlent sur les routes que tu empruntes chaque jour, et les témoignages apeurés de voisins qui échappent de justesse à un lynch, et tu te dis qu’il ne pourra jamais y avoir la paix ici. Ca ne tient pas la route. Ca se calmera sûrement (amen, le plus vite possible) mais rien ne sera vraiment réglé. Ca se calmera jusqu’à la prochaine fois. Parce que l’air pur ne suffit pas. Ni les mains tendues. Ni la démocratie. Une partie de la population ne reconnaît pas vraiment (ne reconnait vraiment pas) la légitimité des juifs à vivre ici. Et tu respires profondément pour ne pas mettre tout le monde dans le même sac, pour te dire que ce sont les jeunes, les extremistes, mais tu n’entends aucune voix qui condamne. Tu n’entends que la peur des tiens. Tu ne vois que les messages de ton conseil régional qui préviennent du danger à entrer dans les villages. Dans ces même villages arabes israéliens où il y a quelques jours tu échangeais des paroles et des sourires chaleureux. Tu ne vois plus les israéliens, juifs et arabes, qui vivent ensemble ici. Tu vois les arabes, et tu vois les juifs israéliens. C’est une semaine très triste en Israël. La fin de quelque chose qui ressemblait à de l’espoir. עם ישראל חי

Ce contenu a été publié dans Uncategorized. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à La fournaise

  1. Ping : N’aie pas peur d’un long voyage | Boker Tov Yerushalayim

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *