Les p’tites boîtes

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Tu es l’heureux parent de petits israéliens. Un jour, le temps faisant son travail, ils se retrouvent tous scolarisés.

Et toi, sans vraiment l’avoir vu arriver, tu  comprends que tu devras maintenant intégrer dans ton parcours quotidien un paramètre indissociable de ta parentalité: Les boîtes.

Parce que tes enfants ont école jusqu’à 14 heures chaque jour. Et qu’il n’y a pas de cantine. L’équation est simple: C’est toi qui devras les nourrir. Une boîte par jour et par enfant, dans le meilleur des cas. Souvent plus, quand la journée se prolonge par des activités.

Et tes sueurs froides commencent. L’enfant doit manger à sa faim pour réussir sa scolarité. A toi de jouer. Sans pression aucune.

En début d’année scolaire, tu pars à la recherche de la boîte parfaite pour la chair de ta chair. Tu payes très cher pour leur offrir la Mercedes des boîtes à compartiments, ils le méritent bien, jusqu’à ce qu’un de tes enfants te fasse remarquer qu’il n’a pas mangé car son sandwich était mouillé par le jus des légumes. Sacrilège! Tu jettes rageusement les boîtes indésirables pour te rabattre sur l’exemplaire à deux shekels, sûrement bisphénolé mais au moins étanche, LUI.

Et le casse tête reprend. Que mettre dans la boîte? Les goûts de tes enfants ne sont pas le seul paramètre, on te met des bâtons dans les roues: A chaque école son règlement boitesque. Oui à la confiture mais non aux compotes. Non au sucre sous  toutes ses formes, y compris la confiture. Le miel est toléré. Oui à tout tant qu’il mange. Mais pas de chocolat. Ni de cornflakes. Non à l’Actimel! Tu prends des notes et tu t’apprêtes à créer un algorithme de la boîte parfaite. Multiplié par ton nombre d’enfants.

Puis bout de quelques jours tu mets en veilleuse ta créativité pour admettre que la tomate et le concombre deviendront tes meilleurs alliés. Et le pain. Et l’huile d’olive. Et la tranche de fromage. Occasionnellement la tranche de poulet.

Tu prends le rythme rapidement et tu enchaînes les boîtes. Chaque jour. Encore et encore. Répétition et monotonie. Pas de spontanéité. Chaque matin, les boîtes devront être remplies. Tu deviens une usine à boîtes.

D’ailleurs tu te surprends parfois, en les préparant, à fredonner ta version des p’tits trous de Gainsbourg. Des p’tites boîtes, des p’tites boîtes, encore des p’tites boîtes. Des p’tites boîtes des p’tites boîtes, toujours des p’tites boîtes. Avant de te souvenir que la chanson finit plutôt mal.

Au fil du temps, tu te familiarises avec les conversations parentales sous le manteau, à la façon des trafiquants de produits illicites, à mi-voix, “Et sinon, toi, tu lui mets quoi, dans sa boîte?”. “Et vous alors, vous êtes plutôt du matin ou du soir pour les boîtes?”, ou même, à un certain degré d’intimité: “Et chez vous? C’est lequel des deux qui fait les boîtes?” Le parent désigné gagne ton respect, évidemment.

Tu questionnes tes enfants régulièrement. Alors les cocos, c’est bon ce que je vous ai préparé? Oui, Maman, mais tu sais que Maïa elle avait des sushis aujourd’hui dans sa boîte? Tu ne dis plus bonjour à la mère de Maïa, cette traitresse à la cause parentale.

Puis tu finis par prendre le pli. Tu as même un petit soupir de satisfaction quand les boîtes reviennent vides. Voilà, tu as bien fait ton travail aujourd’hui. Il ne reste plus qu’à les laver et à recommencer pour demain maintenant! Au fait, est ce qu’il reste quelque chose dans le frigo?

Des p’tites boîtes, des p’tites boîtes, encore des p’tites boîtes!

Un jour, un héros se lèvera parmi le peuple et décrétera que toutes les écoles fourniront, quotidiennement et gratuitement, de la nourriture saine et équilibrée que les enfants adorent. Tu voretas pour lui.

Mais en attendant… Shavouah tov et bon courage à tous les parents!

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