Une histoire de pont

En Israël, les enfants sont rois. Vraiment. Au centre de tout le système. Et l’entrée en Kita Aleph (CP), ici, ce n’est pas moins qu’un grand événement.

Dès la fin du printemps qui précède, les parents sont convoqués pour une réunion de préparation psychologique au sein de la future école primaire. Ambiance: Votre bébé a grandi, il va rentrer au CP, est ce que ça va aller pour vous?

Et pendant tout l’été, le petit au sourire édenté doit gérer l’émotion des adultes de son entourage: Nu??(Alors??) Ata mitraguesh?? “Lehitraguesh“, le verbe israélien par excellence. Difficile à traduire car il n’a pas réellement d’équivalent en français: Lehitraguesh, c’est avoir des émotions, être excité, ému. En Israël, on mitraguesh beaucoup, dès que l’occasion se présente, en fait.

Le jour de la rentrée en kita Aleph, tu es  logiquement invitée en grandes pompes à participer à la cérémonie organisée par l’école. Allez, encore un petit jour de congé, au point où tu en es…

Tu arrives à l’école, fébrile, en te demandant comment ton petit gère toute cette hitragchout.

Tu t’installes dans les gradins avec la main crispée sur ton téléphone que tu as soigneusement rechargé pour les photos, et tu sors ta boîte de kleenex, juste par précaution.

La salle se remplit très vite: Tous les élèves sont là pour accueillir et encourager la nouvelle génération d’écoliers.

Ta gorge se serre, déjà, avant même le début de la cérémonie. c’est qu’ils sont beaux, tous ces enfants habillés en blanc pour la rentrée!

Tu écoutes les discours et les brah’ot de la direction. Tu es émue par tant d’investissement pour ces petites pousses de moins de 7 ans, tes yeux piquent un peu mais tu gères encore.

Et puis tout se met en place pour l’entrée des héros du jour.

Sur une chanson de Shlomo Artzi, Melekh Haolam, les plus grands élèves de l’école,  ceux de kita vav (l’équivalent de la 6ème) se  lèvent, se rangent en deux longues lignes, face à face, et forment en joignant leurs mains au dessus de leurs têtes un grand pont.

A ce moment précis tu sens que tu ne vas plus gérer. Du tout.

Et voilà les petits CP qui font leur entrée, en musique, menés par leur maîtresse, en passant chacun leur tour sous le pont formé par les plus grands.

C’est plein de sens et de bienveillance. C’est une tradition israélienne. Et c’est vraiment très beau. Ca y est, tu sens que tes yeux débordent. Encore une fois. Tu t’étais pourtant promis de ne plus t’y laisser prendre… tu te rassures un peu en jetant un coup d’oeil autour de toi, les parents n’en mènent pas large.

Les enfants de Kita Beth (CE1) se lèvent à leur tour, chantent une chanson qui parle de renouveau, puis prononcent en zozotant devant le micro des mots d’encouragement aux petits nouveaux. Et c’est la fin de la cérémonie. Une vingtaine de minutes d’émotion. D’Hitragchout.

Voilà, tu peux repartir, toute chamboulée, ton petit a été bien accueilli, entouré et choyé  par tous. Tu reprends ta voiture en fredonnant l’air de Melekh Haolam et tu remercies en passant le Ciel qui te permet de faire grandir tes enfants ici.

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Une réponse à Une histoire de pont

  1. Bouhana dit :

    Effectivement c est une vrai hitragshoute ,c est une cérémonie qu On devrait organiser en France à Paris par exemple ,
    Bravo aux Israéliens

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