Tu es en crise d’identité. Encore? A croire que c’est une thématique de vie. Tu es en Israël depuis 17 ans, pourtant. Justement, ça ne règle rien. Bien au contraire. A ta décharge, le pays entier semble être dans la même tourmente. Ce n’est pas nouveau, ça s’entend juste plus en ce moment. Toi, parce que tu viens d’ailleurs, et aussi parce que tu vis bien ancrée ici, tu le sens depuis des années, ce potentiel explosif. Ce fossé dans les perceptions du monde. Tu marches sur un fil, mais tu te réveilles un jour en ayant choisi ton camp. Celui dont tu sens le plus proche. Alors qu’en fait, tu ne veux pas de camp. Tu veux juste naviguer en eaux calmes et que chacun soit à sa place. Que tout le monde prenne une grande respiration et qu’on revienne à l’essentiel, tout de suite. Un peu comme un après midi à la maison quand tous les enfants débarquent et crient en même temps, alors que tu aspires juste au repos. Pas de repos en Terre Sainte. A ta gauche, ca hurle: Ils nous abîment le pays. A ta droite, ça crie aussi. Apparemment tout le monde tient vraiment beaucoup à ce pays. Est ce cet amour qui est trop fort, d’un côté comme de l’autre? Peut-être. Parce qu’il n’y a pas d’autre pays.
En médiation, on chercherait d’abord les intérêts communs. On identifierait les sujets de discussion. On reformulerait. Et ensuite seulement on parlerait. Mais qui peut vraiment parler quand la politique s’en mêle?
Toi, tu voudrais qu’on te laisse tous les beaux contrastes qui t’ont fait ressentir il y a 17 ans que tu arrivais dans un endroit exceptionnel. Ces contradictions, cette richesse. La tradition et l’avant gardisme. Ce monde ci et ce monde là. L’identité israélienne superposée à l’identité juive. Les identités entremêlées, se nourrissant mutuellement.Tu voudrais que tout soit plus simple et qu’on continue d’avancer en équilibre, en laboratoire du monde. Que les extrémistes continuent à extrémiser mais qu’on les laisse à leur place, aux extrémités.
Qu’on se souvienne des points communs et surtout des complémentarités. Qu’on reformule. Qu’on rendre sa force à la voix saine qui préserve sans menacer. Et que la priorité de chacun soit de ne jamais laisser personne s’accorder le monopole de quoi que ce soit.
Chere Elisabeth,
Je vis en Israel depuis 40ans; ce n’est pas une crise d’identité.
Comme tu le sais notre pays n’a pas de constitution. Il a grandi considerablement. Cette lacune a été traitee par Aharon Barak en donnant le role de gardien des lois fondamentales a la Haute Cour de justice. Mais cet organisme est conçu en Israel comme vivant en vase clos . L’equipe de Netanyahou /Derhi a exploite cette faiblesse pour limiter/annuler les risques de condamnation. Le vent de refus qu’a declenche cette mesure annonce qu’un concopromis sera trouve . Ne perd pas espoir !
Merci pour votre commentaire Ezra
Chère Elisabeth,
Dans ces mauvais jours, j’ai pensé un peu plus fort que d’habitude à toi, à Nir et à vos enfants, et je suis tombée sur ton blog. Je regrette de ne l’avoir pas découvert plus tôt.
Je ne sais que dire, je suis remplie d’émotions, et je ne suis même pas là-bas.
Je lis ta perplexité douloureuse dans ton dernier article, qui remonte déjà à février.
Je suis inquiète de votre sécurité – ta description de votre vie en Galilée est si claire. Et la mobilisation.
Ce n’est pas grand chose, mais je vous embrasse fort,
Victoire, ta vieille camarade de droit et des buffets japonais de Tel-Aviv.
Merci beaucoup Victoire