Journal de guerre – jour 108

Journée noire. Encore une. La rivière est bouchée par des pavés, on ne l’entend plus.

Le brouillard est descendu. Il est partout.

Et je me sens illégitime à écrire ma tristesse, parce qu’elle est presque confortable. J’y pense, et puis je n’y pense plus. Je peux me le permettre.

Ca me rappelle cette alerte du mois d’octobre, quand dans mon yichouv on pensait que les villages du coin allaient nous monter dessus littéralement, quand on nous a demandé de rentrer dans les abris et d’éteindre les lumières et qu’une voisine a écrit dans le whatsapp de la sécurité qu’une assiette était tombée dans sa cuisine, alors que les chats étaient dehors, cette peur au ventre que le monde s’écroule sur moi, sur nous, recroquevillés dans notre abri sans porte, inutile, cette peur de mourir, qui était si indifférente à la solidarité, une peur solitaire, insensible à l’empathie, comme peut être le deuil des familles vraiment touchées dans leur chair, ces visages tous plus beaux les uns que les autres qui ne sont qu’une photo pour moi mais qui appartiennent vraiment à des mères, à des pères, à des fiancées et à des enfants.

Ma journée est noire mais mon aîné n’a que 14 ans.

Que leurs mémoires soient bénies.

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