Journal de guerre, jour 332

On n’a jamais le temps de bien digérer les évènements, de ce côté de la Méditerranée.
C’est une vie à fleur de peau. Dans la joie comme dans la douleur. Avec les années, ça ne fait qu’augmenter dans le rythme et dans l’intensité. Et on continue à passer au chapitre suivant, sans trop se retourner. On s’arrête deux fois par an pour bien se souvenir, en concentré, et le reste du temps, on avance. 18 ans aujourd’hui.
Tout s’est encore accéléré depuis le 7 octobre. Un cran en plus dans la douleur, dans l’intensité, dans les émotions. Dans la proximité, aussi. Dans l’intimité, même.
Ce soir, on a eu un cours de pilates normal.


Il y a dix jours, alors qu’on se réveillait tous avec les grondements des avions et les nouvelles d’attaque imminente, alors que l’aéroport et les plages fermaient, la prof a simplement écrit un rappel sur le groupe whatsapp: le cours de ce matin est maintenu, on prendra surtout le temps de bien respirer ensemble. Tout le monde est venu. On a respiré. On s’est embrassé un peu plus fort que d’habitude pour se dire au revoir et on est tous repartis de notre côté.
L’hiver dernier, on pleurait à tour de rôle sur nos tapis, en silence.
Ou bien on sursautait en coeur. C’est rien, juste l’orage. Tu es sûre? On retenait nos souffles ensemble, le temps d’être bien certaines que oui, ce n’était que l’orage, et puis le cours reprenait comme si de rien n’était.
Chaque semaine ou presque, quelque chose d’énorme se passe. Des scénarios de dingue, la réalité qui dépasse la fiction.
Et puis tout reprend normalement. C’est comme ça. C’est le rythme d’ici.

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Une réponse à Journal de guerre, jour 332

  1. Jean Sur dit :

    Quelle vie !
    Admiration et respect.

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