Journal de guerre – Jour 350

C’est une année comme ça, en suspens. Ce soir, les instructions du Pikoud Haoref ont changé pour tout le Nord d’Israël. Ce n’est jamais bon signe. On revoit les plans de demain. On recharge en eau la chambre blindée de la maison. Et j’écris au son du grondement des avions, sans savoir ce que la nuit va nous réserver. La dernière fois que les instructions ont changé, c’était la nuit de l’attaque iranienne. C’était lunaire. On savait que les drones étaient partis d’Iran en fin de soirée, et qu’ils allaient arriver 4 heures plus tard. Lui était parti se coucher vers minuit.

Tu vas dormir?? Je lui avais demandé.

Bah oui… qu’est ce que tu veux que je fasse d’autre? Je suis fatigué… S’il y a quelque chose, ça sonnera de toutes façons. 

J’avais attendu, seule dans le salon, scotchée à mon téléphone. L’Iran, quand même…et les drones en route…

A deux heures du matin, ça avait commencé. J’ai un groupe whatsapp sur mon téléphone qui envoie un message à chaque fois qu’une sirène retentit quelque part en Israël, juste le nom de l’endroit et la raison de la sirène: soit missile soit drone. Il est en silencieux, bien sûr. Il est actif en permanence depuis octobre, 10 fois par jour en moyenne. Ces derniers six mois, dans le Nord quasi exclusivement.

Cette nuit là de l’attaque iranienne, les listes étaient interminables. Longues comme le bras. Et puis des boums. Un premier, loin, un deuxième, plus proche et un troisième, qui avait fait trembler les murs de la maison. J’étais allé le secouer doucement:viens, on réveille tout le monde et on va dormir dans le miklat (la chambre blindée). 

Il m’avait demandé: Il y a eu une sirène?

Non. Mais il y a des boums. 

S’il n’y a pas de sirène, laisse tomber. Laisse moi dormir. Et viens dormir toi aussi.

J’avais refermé la porte de la chambre, interdite.

Quand même… l’Iran….

Mais après être restée quelque temps assise dans les escaliers, les yeux happés par le téléphone, j’étais allée dormir moi aussi. 

Ce soir, je vais aller me coucher plus tôt. Je n’ai pas envie d’attendre. 

On est tous si fatigués.

Ce contenu a été publié dans Guerre. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *