Journal de guerre, jour 352

Ça n’a pas arrêté, aujourd’hui. Presque un an de guerre, mais là c’est différent, c’est au dessus de nos têtes. 

Boum boum.

Les enfants n’ont pas école depuis dimanche, et au moins jusqu’à mercredi inclus.  

Les traumas du corona se réveillent avec les zooms à gérer aux mêmes heures pour tous. 

Et l’angoisse que ça se prolonge. 

En milieu d’après-midi, je croise en bas de chez moi une copine et son bébé. On discute de la situation et soudain la sirène du village d’en face se met à sonner. Vent de panique. Dans la foulée les bruits des explosions proches proches proches, juste au dessus de nous. C’est violent.

Vite, la chambre blindée. On monte les escaliers en courant, elle me dit prend le petit, il faut que j’attache le chien, et on arrive toutes essoufflées, ils sont déjà à l’intérieur, yalla, vite, il faut fermer la porte.

En fin d’après midi, je surjoue un peu le calme et la bonne humeur, je fais réchauffer une pizza pour les enfants et je mets un zèle particulier à préparer pour nous un apéro dînatoire.

Un plateau, deux cocktails maison à base d’arak, de menthe, de liqueur de mûre et de jus de pamplemousse. Des bruschettas au four, des olives, des coeurs de palmier, une salade bien assaisonnée. On se pose sur la terrasse. Calme menaçant, oreilles à l’affût. Les boums ne se font pas attendre. Loins. On vérifie sur nos téléphones. Krayot. 30 km. Et puis soudain, je vois un petit flocon blanc dans le ciel, pas loin de nous. Comme une colombe stoppée dans son vol, qui fait du sur place. C’est joli. J’ai le temps de le pointer du doigt, c’est quoi ça? Il me dit, tu rigoles? C’est une interception. Et les boums s’intensifient soudain. Les flocons se multiplient dans le ciel. Pas de sirène, en théorie, pas besoin de courir se protéger, mais c’est vraiment trop proche, l’instinct crie d’y aller. 

J’ai juste le temps de prendre une photo et on redescend en vitesse dans la chambre blindée. Les enfants nous y attendent. Alors!! Vous faisiez quoi!?  

Mon aîné y a élu résidence aujourd’hui. Il refuse d’en sortir. Je le laisse. 

Quand on remonte sur la terrasse, plus tard dans la soirée, on voit un incendie se propager sur la montagne d’en face. 

C’est sur ce feu lointain, non maîtrisé, que mon chagrin a finalement choisi d’échapper à mon calme pour se cristalliser.

Mon Dieu, faites que tout ça se termine vite, et bien.

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2 réponses à Journal de guerre, jour 352

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  2. Jean Sur dit :

    Oui, la paix maintenant.

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