Journal de guerre, jour 369

J’ai laissé mon tapis de pilates dans la voiture. Il y a deux semaines, les sirènes se sont déclenchées alors que j’étais en voiture. Les consignes sont claires et sauvent les vies, comme on nous le répète en boucle à la place des pubs à la radio: Si ça sonne pendant un trajet, il faut arrêter la voiture sur le bas côté, en sortir, s’en éloigner et s’allonger par terre avec les mains sur la tête. Sauf que quand c’est arrivé, s’éloigner de la voiture ça voulait dire descendre dans les talus et s’allonger dans les ronces et la terre et les insectes, et j’ai préféré l’asphalte, juste à côté des roues. Du coup je me dis que si j’ai mon tapis avec moi, ça sera plus facile de respecter les consignes. C’est mon délire à moi. 

Aujourd’hui pendant que les missiles étaient lancés vers Tsfat, je n’avais que les sons étouffés du ciel qui explose et les petits flocons au loin d’un côté, et de l’autre côté le son d’un violon d’un élève du conservatoire qui s’entraînait. Je suis restée debout, seule, au milieu du campus, à écouter et à regarder. 

Au moment où j’écrivais ces lignes, un énorme boum, très très proche celui-là, et sans sirène préalable, a fait trembler les vitres de la maison. Ce sont maintenant mes mains qui tremblent. Je voulais écrire sur autre chose, ce soir, sur l’égo des autres et sur le mien. Ce sera pour une autre fois. 

Je voudrais que ça se termine. Je voudrais que les enfants retrouvent leur vie, et moi la mienne. Qu’on puisse juste vivre ici, dans ce pays, en sécurité, en paix, et que les otages rentrent chez eux. Je voudrais une année normale. Une bonne et douce année, comme on se le souhaite machinalement. Oh oui, une bonne et douce année.

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