Journal de guerre, jour 384

Est ce que cette guerre aura une fin, comme les autres? Avant, il y avait des guerres éclairs, et à chaque fois que je me disais: “c’est foutu, il n’y a pas de solution possible”, il y avait ce moment soudain où les infos annonçaient: “Cessez le feu”. Et le feu cessait vraiment, pour quelques mois ou pour un an. 

Mais cette fois, c’est différent. Cette fois, on n’en voit pas la fin.

Comment les enfants pourraient-ils retourner à l’école, dimanche? Il n’y a pas assez de chambres blindées, là-bas. Et puis il y a les trajets en bus scolaire. Tout ça est bien trop dangereux. On attend les consignes, demain. 

La période des fêtes touche à sa fin. Rosh Hashana, Kippour, Souccoth, et aujourd’hui Simha Torah, l’anniversaire tragique du 7 octobre. On a tous perdu la notion des jours. Depuis des semaines, les mercredis et jeudis sont fériés, s’enchaînant avec les week-ends. Les enfants sont en vacances. C’est le tourbillon habituel des fêtes, mais la joie est plus sourde, les cœurs sont ailleurs. 

La période qui suit les fêtes est la véritable rentrée, d’habitude, la ligne droite de l’automne jusqu’à Hanouka. L’an dernier, cette période a été engloutie par le 7 octobre. Cette année, cette période n’aura pas non plus le goût habituel. Il n’y a plus de stabilité. Il n’y a que de l’incertitude. Et pourtant la vie  continue au milieu de tout ça. Le quotidien, les bons repas, les matchs de foot des enfants, les petites filles du yichouv qui font du roller sur le terrain de jeu inondé par le soleil matinal. Des scènes banales qui deviennent précieuses, dans un quotidien presque irréel.

Que va t’il se passer? Est ce que tout ira bien, comme les israéliens avaient l’habitude de promettre à tout va, avant? Est ce que les otages rentreront à la maison? Ce rêve semble s’éloigner de jour en jour. Pourtant, je formule cette prière: qu’ils reviennent tous vivants, et les soldats aussi, puisqu’ils sont les fils de mes amis, mes voisins, les profs de mes enfants.

Je prie aussi pour les listes d’endroits qui s’affichent depuis un an sur mon téléphone à chaque alerte redeviennent des balades bucoliques du week-end. Pour que les habitants du Nord retrouvent leurs maisons. Pour que les prochaines années soient consacrées à la reconstruction, en mieux, de tout ce qu’il y avait là bas, avant, et qui n’existe plus. 

Pour qu’on puisse juste vivre sur ce petit morceau de terre, sans menace existentielle. Vraiment  vivre en paix. Avec des voisins qui accepteront notre présence. Ca semble déconnecté complètement de la réalité, mais on l’a pourtant déjà fait, avec l’Egypte et la Jordanie. Une alliance pragmatique. Une reconnaissance mutuelle, même froide, mais une paix quand même. C’est le seul espoir pour nos enfants, non? Est ce si fou d’y croire?

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