Quand tu as déménagé de Tel Aviv en Galilée, tu étais loin de t’imaginer que tu arrivais dans un endroit h’iloni pur et dur. Ca t’a même pris quelques années pour le comprendre.
A ta décharge, ça prête vraiment à confusion pour qui n’est pas né ici. Toutes les fêtes y sont célébrées. On y plante des arbres à Tu Bishvat, on s’y habille en blanc à Shavuot, on y mange des beignets à la lumières des bougies à Hanukka. Les gens y sont extraordinaires, respectueux, éduqués, solidaires. Les femmes qui accouchent y reçoivent des repas cuisinés par les voisins pendant un mois. Les familles qui traversent une épreuve y sont soutenues discrètement par la communauté.
Mais il n’y a pas de mynian. Il n’y a même pas de synagogue. On ne parle pas de D.ieu. Tout est envisagé du point de vue culturel. Le Sefer Torah, recouvert d’une couverture tricotée par les femmes du ychouv (paradoxe quand tu nous tiens) est entreposé dans un coin de la salle des fêtes, du moadon, et une synagogue éphémère se met en place quand une bar mitsva est fêtée, ou pour Kippour.
Seule une poignée d’habitants se démène et se débrouille pour recevoir sa part de religion. A sa tête, une famille Shomeret Shabat, la seule du yichouv. Des purs, avec le coeur à la bonne place. Ils sont arrivés sur cette colline de Galilee la même année que toi et vous êtes devenus amis. Le père s’est renforcé dans la religion au fil des années, et est devenu, par la force des choses, l’équivalent du Rav du yichouv. Tous les vendredis soirs, quand il est là, il déplace le Sefer Torah dans la salle des fêtes, y dispose des chaises et prie. Quelques habitants le rejoignent, il y a rarement mynian, mais c’est quand même plein de sens pour ceux qui y participent.
Rosh Hashana n’y avait jamais été célébrée avant cette année. Mais cette année, on est en 2020 et tout est différent. Le ‘rav’ du Yichouv, qui n’a pas pu se rendre dans sa famille dans le Centre comme chaque année à cause du confinement, a organisé pour la première fois l’office sur place, à l’air libre devant la salle des fêtes. En consultant le (vrai) rav du conseil régional, il a appris que c’était la première fois depuis 2000 ans que Rosh Hashana serait célébré sur cette petite colline de Galilée et que le Shofar y retentirait. Là où le seul son spirituel est celui du Muezzin des villages voisins plusieurs fois par jour. Tu y étais avec tes enfants et vous avez récité avec les autres présents Chehiyanou Vekiemanou Veigianou la zman haze. Et c’était le moment le plus fort de l’année. Parce que même s’il n’y avait pas mynian, tous les participants avaient les larmes aux yeux d’émotion. Et que toi, tu te savais au bon endroit et au bon moment.
Pour Kippour aujourd’hui, à nouveau le confinement, le Corona, et l’impossibilité de recevoir le rav de Jérusalem et les étudiants de yechivot qui sont d’habitude envoyés dans les yichouvim de Misgav pour l’occasion. Pour ajouter un peu à la difficulté, le père de famille est rentré en bidoud quelques jours plus tôt. Une solution a été trouvée in extremis, encore une fois grâce à la foi d’une poignée de gens. Dans la rue devant sa maison, une synagogue éphémère a été organisée. Le Sefer Torah, des chaises à deux mètres les unes des autres, les taliths blancs des hommes, un mynian cette fois, et les prières et les chants depuis son jardin repris en coeur sous la brise de Galilée. C’était magique et encore une fois, tu as senti que tu étais au bon endroit et au bon moment.
Voilà, c’était l’histoire de la vie religieuse de ton petit yichouv laïc de Galilee, où rien n’est acquis, mais où tout ce qui se fait prend un peu plus de sens qu’ailleurs.
Shana Tova
Bonjour,
Je rêve de faire mon alyah dans un tel endroit
Pouvez-vous, s’il_vous_plait, m’aider, en mode privé, à entrer en contact avec ce petit ychouv ?
D’avance mille fois merci
Elie Cohen
avec plaisir je vous envoie un email
J’adore !!!!
Bravo!
C’est une superbe émouvante histoire!!
Début d’une grande CHLIHOUT
HAZAK
merci beaucoup