Le bout du tunnel

Hier tu étais au restaurant. Au RESTAURANT. 

Sans appréhension. Sans peser le pour et le contre.

Tu as juste montré patte blanche avant d’entrer. Patte verte.

Tu as dégainé ton téléphone avec ton application toute mignonne et tu as eu à cette seconde la certitude que ça sera le geste de l’année 2021, qui deviendra aussi naturellement bizarre que de te mettre un masque sur le visage.

Tu es vaccinée. La plupart des gens que tu connais le sont.

Et avec ceux qui ne le sont pas, et que tu aimes, tu as finalement choisi de ne pas aborder le sujet. Viens on se souvient juste de pourquoi on s’aime et on ne parle pas de ça.

Donc hier, tu étais au restaurant, et avant hier, à une rencontre avec des gens NOUVEAUX. Sans peser le pour et le contre et sans décider de rester-à-la-maison-pourquoi-prendre-des-risques.

Tu vois presque le bout du tunnel. Presque. Parce qu’il reste les enfants.

Le petit whatsApp redouté, un jour de calme à la maison, un jour rêvé d’après confinement où tout le monde est casé dans son école et dans son gan, alors que tu travailles tranquillement en bénissant le silence, ce petit whatsapp qui te demande de venir immédiatement le/la chercher, parce qu’il y a un cas dans la classe. Et que tu rempiles pour dix jours dans le meilleur des cas. Avec les angoisses associées.

Tu continues donc de vivre en mode de roulette russe.

Mais n’empêche qu’hier tu étais au resto, et que ça n’avait pas le goût d’une pause avant le prochain confinement. Ça avait plus le goût de quelque chose de nouveau qui commence. Après un an. Après avoir perdu l’espoir.

On dirait qu’on va y arriver. On dirait que peut-être on va y arriver.