Le cœur au Sud

Aux habitants de Saad, Nahal Oz, Shuva, Kerem Shalom, Zikim, Nir Am, et de tous les autres yichouvim et kiboutzim dont je découvre les noms au rythme des évènements.

A vous qui depuis si longtemps encaissez pour nous tous.

A vous qu’on ne consulte pas et à qui on ne promet rien.

A vous dont le quotidien en période calme semble idyllique. La vie en communauté aux portes du désert. Sauf que c’est rarement calme. Et qu’on s’est habitué, de loin. C’est comme ça.

Tseva adom Shaar HaNegev. Tseva Adom Eshkol. Tseva Adom Otef Azza.  En boucle. Toute la journée. La routine. Voyons comment ça évolue.

Alerte à Tel-Aviv. Oh oh! Le monde retient son souffle. Moi la première. C’est si injuste…

A vous qui vivez ces journées infernales qu’on suit de loin.

A vos enfants, à vos anciens, à vos voisins.

Si vous saviez comme vous êtes impressionnants, quand vous nous racontez à la radio, sans colère, en concluant Ça va aller. La vie continue.

Vous êtes nos anges et nos héros.

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5780 – Planter des graines

Le voilà à nouveau ce moment de l’année. Et c’est fou de voir comme il tombe à pic, comme toujours. Rosh Hashana, la nouvelle année. Le moment de se poser un peu pour réfléchir à ce qu’on a et à ce qu’on voudrait. A comment (s’)améliorer. Pile quand on pensait à se plaindre de la routine intensive qui reprend, et à grogner contre ces mille petites choses qui empêchent la plénitude. Est-on vraiment sur terre pour vivre en état de plénitude?

C’est le moment de renouveler son regard sur ce qu’on a. Sur cette abondance qui semble tellement évidente, acquise.

C’est le moment de faire le point, de se poser un petit peu, quelques minutes par jour s’il faut, pour remercier la vie. Malgré tout. Pour tout.

Et pour décider de ce qu’on voudrait changer.

J’ai lu en hébreu un texte qui a particulièrement résonné et qui exprimait ceci:

L’essence du changement est de planter en soi des graines et de prier pour faire germer le terrain idéal à ses aspirations.

Si tu rêves de paix, plante cette graine en toi et prie pour réussir à développer un climat de paix, pour parvenir à écouter les autres, à surmonter les contradictions et les différences afin de rendre la paix possible dans ton entourage.

Si tu aspires au respect, plante cette graine en toi, et prie pour te respecter toi-même, tes choix, tes aspirations et ton chemin. Prie pour développer en toi la considération de l’autre pour permettre la vie dans un environnement respectueux.

Si tu pries pour l’abondance, plante cette graine en toi et demande un climat de profusion personnelle, c’est-à-dire d’ouverture, de possibilités et d’opportunités, prie pour des pensées larges et non étroites, afin de permettre la profusion dans ta vie.

Prie pour créer en toi un climat fertile et favorable pour faire germer les graines d’espoir, de confiance et de volonté qui te permettront d’évoluer et de prospérer dans ton environnement.

Ce soir on accueille la nouvelle année, au chiffre rond, 5780. Ca sonne comme le futur mais c’est bien ça.

Je souhaite à tous mes lecteurs une merveilleuse année, pleine de douceur, d’espoir, de santé et d’abondance.

Shana Tova!

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Perdre du temps

Tu passes trop de temps devant ton écran. Tu fais défiler les pages des réseaux sociaux, tu te retrouves à lire tous les commentaires d’un post sans importance. Pourquoi? Parce que c’est facile, parce que sur le moment ça t’intéresse. Parce que tu aimes les nuances, que tu es d’accord avec untel et pas du tout avec unetelle. Parce que tu es fatiguée et que tu as besoin de te vider la tête. Ou de te remplir la tête. Tu vas régulièrement voir sur Instagram des instantanés de la vie des autres. Pourquoi? Parce que quelque chose te fascine dans cette capacité d’attraper le joli dans le quotidien pour le sublimer. Toi tu n’y arrives pas. Ca te semble fou, ça te semble faux. Mais tu t’attaches quand même à des gens que tu ne connais pas. Tu lis tes whatsapp, trois heures de déconnexion, 35 nouveaux messages, aucun ne t’es adressé personnellement mais quand même, ils te concernent tous. La vie du yichouv, ses sujets chauds du moment. Tes copines de Galilee qui te proposent une cueillette ce week end que tu déclines poliment. Il faudra un jour faire ton coming out et leur expliquer que tu n’es qu’une sale urbaine, en vrai, et que tu préfères acheter ta salade et tes herbes en sachet, déjà propres. Le groupe du gan qui envoie des photos des petits en maillot de bain sous les jets d’eau. Tu cherches des yeux la tienne. Elle sourit, tout va bien. Le groupe des copines. Le groupe du travail. Celui de la famille. Celui du théatre. Les comités, les communautés. On fixe des dates. On est super émotifs, on s’aime très fort, par écrans interposés, overdose de cœurs en tout genre et de toutes les couleurs.  Connectée. Sur connectée. Trop connectée. Du bon, de l’entraide, de l’inspiration. Et du sans intérêt aussi, beaucoup. Tu penses à ton amie de Bnei Brak qui résiste et qui t’envoie des bons vieux sms qui se perdent au milieu de dizaines de publicité. A chacun de vos échanges tu te retiens de la convaincre, c’est tellement plus pratique. Et en même temps tu l’admires pour réussir à gagner cette petite guerre là. Pourtant, tu n’es pas la plus gravement atteinte, loin de là. Tu réussis à poser ton téléphone sur la bibliothèque des heures entières. A l’oublier quand tu sors. Tu continue à lire des livres. Tu écris. Tu travailles. Tu t’occupes de tes enfants. De la maison. Mais ton esprit est parasité. Le manque se fait sentir et ta main se tend pour vérifier d’un glissement de doigts les nouvelles. Et tu plonges. Comme il est facile de s’échapper. De se noyer. Sans même s’en rendre compte. Tu pensais contrôler agréablement tes temps morts mais tu te rends compte en émergeant qu’en fait tu perds sûrement un temps précieux. Maman…Maman… Maman?! Attends je parle là! Tu lui réponds agacée en pianotant pour fixer les derniers détails du rendez vous de demain. C’est la vie moderne. Bip Bip. Ca file à toute vitesse, encore un article, un petit tour ici et là,  juste pour décompresser. Et un jour tu te retrouves assise à une table de proches, silencieuse, où chacun a les yeux fixés sur son rectangle magique. Et tu te dis qu’on est tous en train de devenir fous, et que la sagesse de ceux qui se déconnectent d’étoiles en étoiles, chaque semaine, est infinie.

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