Il est tard, toute la maisonnée dort, et moi je veille. Renonçant à tenter de rattraper les milliers d’heures de retard de sommeil que j’accumule depuis trois ans. Je réfléchis à ce que je veux faire de ce blog, ce que je veux y écrire, y raconter. Quand j’écrivais régulièrement dans mes cahiers, à cette époque où le temps m’appartenait en propre, j’essayais toujours d’expédier ce que j’appelais la “réalité pure” pour réussir à n’écrire que des idées. En vain. Car à chaque fois que je prenais mon stylo, c’est cette réalité qui coulait toute seule, à flots, avec les émotions associées. Et lorsque le flot se tarissait, j’avais déjà noirci des pages et des pages. Et plus trop l’énergie de passer à autre chose. J’en gardais toujours une impression de superficialité, de non achèvement. Avec le recul, en relisant mes cahiers des années plus tard, j’ai compris à quel point ces instantannés de vie étaient précieux, des vrais petits trésors pour moi. Aussi car je suis plus indulgente avec celle que j’étais. Alors tant pis pour les grandes idées et les théories. L’écriture pour transcender un peu le quotidien, pour mettre des mots et de l’ordre dans les pensées, pour garder une trace et me souvenir surtout, l’écriture pour faire revivre le temps, pour le figer avec imperfection et subjectivité, c’est ça que je veux faire ici. Ecrire juste pour ecrire.