Une Alyah, c’est aussi le choix d’un lieu de vie. Et en Israël, il y en a pour tous les goûts. De notre côté, on a essayé les deux extrêmes : Le plein tourbillon urbain au cœur de Tel Aviv versus la vie tranquille en communauté au sommet d’une colline de Galilee. Le bilan ? Pas si évident…. Moments choisis :
Le matin, quand tu sors de la maison
En ville, tu sors dans la chaleur humide de la rue, le bruit t’assaille, klaxons, voitures, travaux, c’est le tourbillon, ton vélo est toujours là, soulagement, tu le chevauches, et en avant pour une plongée dans l’effervescence urbaine. Tu te faufiles entre les passants, les stations d’autobus sont pleines à craquer, ton esprit se remplit de l’action alentour. Ca vit très fort. Tu te gares devant ton Beit Cafe préféré, tu accroches ton vélo et tu t’assois en terrasse. Une serveuse toute jeune, probablement étudiante, vient prendre ta commande.
– Un jus d’orange carotte bevakasha.
-Bekef!
Autour de toi des gens travaillent sur leur ordinateur portable. Tu es très entourée mais tu ne parleras à personne jusqu’à l’arrivée de la copine avec laquelle tu avais rendez-vous.
Dans ton yichouv de Galilee, quand tu mets le pied hors de ta maison, le silence t’accueille. Et la Nature toute puissante. La vue sur les collines. Personne dans la rue. Tu regardes le ciel qui t’offre chaque jour un spectacle différent. Parfois, tu reçois comme cadeau matinal un lit entier de nuages épais qui recouvrent la vallée sous tes yeux. Tu descends la petite rue à pieds vers le centre du yichouv, où se trouve la Mazkirout. Tu croiseras finalement plusieurs personnes sur ton chemin. Tu les connais, tu les aimes bien. Avec chacune tu échangeras quelques mots. Et un sourire.
Les courses au supermarché
En ville, tu te fais livrer. Et quand tu oublies un ingrédient, ce n’est pas grave, tu peux faire un saut au coin de ta rue. C’est facile, c’est ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, sauf Yom Kippour.
Dans ton yichouv, tu te fais livrer aussi. Mais tu n’as pas intérêt à oublier un ingrédient car la makolet la plus proche est à 7 km. Dans le yichouv voisin. Ouverte jusqu’à 18:30. Mais bon, une fois que tu y arrives, dans un décor de maison de poupée perdue dans la forêt, tu sens que tu n’es pas stam au Shufersal de la grande ville. Pendant que tu te promènes dans les rayons, on t’apporte un petit café noir dans un verre en carton, comme ça, gratuitement, pour le plaisir. Tu rencontres toujours là-bas des gens de ton yichouv avec lesquels tu discutes. A la caisse, un des employés te remplit tes sacs, et te les apporte systématiquement jusque la voiture. Et depuis qu’il t’a lancé un regard outré, tu te gardes bien de lui proposer un pourboire. Le service est compris.
Tes voisins
En ville, tu connais leurs visages. Voire leurs prénoms. Vous vous êtes même adressé la parole plusieurs fois en 2014, pendant Tsouk Eithan, quand vous vous êtes retrouvés jour après jour dans la cage d’escalier pendant les azakot. Ils avaient l’air sympa! Mais bon, tu n’as pas le temps de creuser. Tu as tes amis. Ils ont les leurs. Honnêtement tes voisins n’ont pas tellement d’importance dans ta vie et c’est très bien comme ça.
Dans ton yivhouv, tes voisins, ça devient vite ta nouvelle famille. Tu connais tout le monde, ou presque. Les enfants grandissent ensemble. Chaque naissance est fêtée par tous. Tu as toi aussi reçu des repas tout prêts pendant un mois à la naissance de ta troisième, et tu t’es sentie entourée et aidée comme jamais. Tu fais partie d’une communauté. C’est pourquoi tu as bien intérêt à choisir un yichouv qui te convient au départ.
Les loisirs
En ville, tu prends connaissance des événements et des fêtes organisées. Et tu y vas si le cœur t’en dit. Tu es libre et tu as un grand choix.
Dans ton yichouv, tu es loin de tout et tu rates très régulièrement des soirées qui se passent dans le Centre. Sur place, si tu veux quelque chose, tu te remontes les manches et tu l’organises. La vie est gérée par des comités. Culture, éducation, sécurité…. Si tu veux mettre ton grain de sel, tu te bénévoles dans un comité, comme on dit en hébreu. Et tu organises une journée de plantage pour Tou Bishvat, un défilé de costumes pour Pourim, ou une série de conférences sur un thème qui te plaît. Tout ça avec ces fameux voisins qui sont devenus ta deuxième famille. C’est sympa, surtout les premières années.
Etre français
En ville, ça n’a plus rien d’original. Tu entends le français à chaque coin de rue, tu avais l’impression de vivre l’aventure du siècle en faisant ton Alyah mais finalement tu te retrouves avec des miroirs de toi partout, avec ces gens qui te ressemblent tellement dans ce qu’ils sont et dans ce qu’ils pensent. En partie au moins. Tu as besoin d’air!
Dans ton yichouv, ton accent est exotique. Les clichés positifs sur les français sont encore d’actualité, et les gens tombent en admiration quand ils t’entendent parler avec tes enfants, parce que ce n’est pas banal ici. Par contre tu n’aurais jamais pensé que ça t’arriverait un jour mais tu es en manque de français! Tu payerais cher pour une petite soirée en semaine à refaire le monde dans ta langue maternelle…
Et pour finir, le sujet qui fâche (les français) : le niveau religieux
En ville, tu trouves ta place sans soucis car toutes les franges de la société sont présentes. Tu peux vivre en mode laïc, traditionaliste, religieux ou même haridi. Aller au mikvé et à la synagogue si ça te chante. A la Gay pride aussi. Respecter Shabbat. Ou non. T’habiller comme bon te semble.
En Galilee, et dans un grand nombre d’endroits en Israël, tu as une petite étiquette à l’entrée de ton yichouv. Soit hiloni (laïc) soit dati (religieux). Les petites cases israéliennes dans lesquels tu te sens si à l’étroit sont à leur paroxysme. Mais c’est comme ça, ça fait partie de l’histoire du pays. Tu espères juste que ça évoluera et tu es prête à te remonter les manches pour.
En résumé, c’est sympa la Galilee, vraiment. L’idéal absolu? Un pont entre Jérusalem, Tel Aviv et le Nord, qui permette de vivre en haut d’une colline et de travailler ou sortir facilement dans le Centre. Des trains, des bus, des voies express. Et on étendrait tout ça au Sud aussi, aux paysages désertiques et aux merveilles de la Arava… Et alors on toucherait du doigt le rêve de Ben Gourion et ça ressemblerait peut- être un peu au Paradis.