5780 – Planter des graines

Le voilà à nouveau ce moment de l’année. Et c’est fou de voir comme il tombe à pic, comme toujours. Rosh Hashana, la nouvelle année. Le moment de se poser un peu pour réfléchir à ce qu’on a et à ce qu’on voudrait. A comment (s’)améliorer. Pile quand on pensait à se plaindre de la routine intensive qui reprend, et à grogner contre ces mille petites choses qui empêchent la plénitude. Est-on vraiment sur terre pour vivre en état de plénitude?

C’est le moment de renouveler son regard sur ce qu’on a. Sur cette abondance qui semble tellement évidente, acquise.

C’est le moment de faire le point, de se poser un petit peu, quelques minutes par jour s’il faut, pour remercier la vie. Malgré tout. Pour tout.

Et pour décider de ce qu’on voudrait changer.

J’ai lu en hébreu un texte qui a particulièrement résonné et qui exprimait ceci:

L’essence du changement est de planter en soi des graines et de prier pour faire germer le terrain idéal à ses aspirations.

Si tu rêves de paix, plante cette graine en toi et prie pour réussir à développer un climat de paix, pour parvenir à écouter les autres, à surmonter les contradictions et les différences afin de rendre la paix possible dans ton entourage.

Si tu aspires au respect, plante cette graine en toi, et prie pour te respecter toi-même, tes choix, tes aspirations et ton chemin. Prie pour développer en toi la considération de l’autre pour permettre la vie dans un environnement respectueux.

Si tu pries pour l’abondance, plante cette graine en toi et demande un climat de profusion personnelle, c’est-à-dire d’ouverture, de possibilités et d’opportunités, prie pour des pensées larges et non étroites, afin de permettre la profusion dans ta vie.

Prie pour créer en toi un climat fertile et favorable pour faire germer les graines d’espoir, de confiance et de volonté qui te permettront d’évoluer et de prospérer dans ton environnement.

Ce soir on accueille la nouvelle année, au chiffre rond, 5780. Ca sonne comme le futur mais c’est bien ça.

Je souhaite à tous mes lecteurs une merveilleuse année, pleine de douceur, d’espoir, de santé et d’abondance.

Shana Tova!

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Perdre du temps

Tu passes trop de temps devant ton écran. Tu fais défiler les pages des réseaux sociaux, tu te retrouves à lire tous les commentaires d’un post sans importance. Pourquoi? Parce que c’est facile, parce que sur le moment ça t’intéresse. Parce que tu aimes les nuances, que tu es d’accord avec untel et pas du tout avec unetelle. Parce que tu es fatiguée et que tu as besoin de te vider la tête. Ou de te remplir la tête. Tu vas régulièrement voir sur Instagram des instantanés de la vie des autres. Pourquoi? Parce que quelque chose te fascine dans cette capacité d’attraper le joli dans le quotidien pour le sublimer. Toi tu n’y arrives pas. Ca te semble fou, ça te semble faux. Mais tu t’attaches quand même à des gens que tu ne connais pas. Tu lis tes whatsapp, trois heures de déconnexion, 35 nouveaux messages, aucun ne t’es adressé personnellement mais quand même, ils te concernent tous. La vie du yichouv, ses sujets chauds du moment. Tes copines de Galilee qui te proposent une cueillette ce week end que tu déclines poliment. Il faudra un jour faire ton coming out et leur expliquer que tu n’es qu’une sale urbaine, en vrai, et que tu préfères acheter ta salade et tes herbes en sachet, déjà propres. Le groupe du gan qui envoie des photos des petits en maillot de bain sous les jets d’eau. Tu cherches des yeux la tienne. Elle sourit, tout va bien. Le groupe des copines. Le groupe du travail. Celui de la famille. Celui du théatre. Les comités, les communautés. On fixe des dates. On est super émotifs, on s’aime très fort, par écrans interposés, overdose de cœurs en tout genre et de toutes les couleurs.  Connectée. Sur connectée. Trop connectée. Du bon, de l’entraide, de l’inspiration. Et du sans intérêt aussi, beaucoup. Tu penses à ton amie de Bnei Brak qui résiste et qui t’envoie des bons vieux sms qui se perdent au milieu de dizaines de publicité. A chacun de vos échanges tu te retiens de la convaincre, c’est tellement plus pratique. Et en même temps tu l’admires pour réussir à gagner cette petite guerre là. Pourtant, tu n’es pas la plus gravement atteinte, loin de là. Tu réussis à poser ton téléphone sur la bibliothèque des heures entières. A l’oublier quand tu sors. Tu continue à lire des livres. Tu écris. Tu travailles. Tu t’occupes de tes enfants. De la maison. Mais ton esprit est parasité. Le manque se fait sentir et ta main se tend pour vérifier d’un glissement de doigts les nouvelles. Et tu plonges. Comme il est facile de s’échapper. De se noyer. Sans même s’en rendre compte. Tu pensais contrôler agréablement tes temps morts mais tu te rends compte en émergeant qu’en fait tu perds sûrement un temps précieux. Maman…Maman… Maman?! Attends je parle là! Tu lui réponds agacée en pianotant pour fixer les derniers détails du rendez vous de demain. C’est la vie moderne. Bip Bip. Ca file à toute vitesse, encore un article, un petit tour ici et là,  juste pour décompresser. Et un jour tu te retrouves assise à une table de proches, silencieuse, où chacun a les yeux fixés sur son rectangle magique. Et tu te dis qu’on est tous en train de devenir fous, et que la sagesse de ceux qui se déconnectent d’étoiles en étoiles, chaque semaine, est infinie.

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Pessah

 

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Tu sais que Pessah arrive quand tu vas nettoyer ta voiture, où tout le h’ametz de Galilée semble s’être logé, sous les tapis et entre les sièges. Pas moins de dix voitures attendent dans la queue. C’est comme ça, une semaine avant Pessah, on s’entasse dans les stations de lavage, et les gens pressés prennent leur mal en patience.
Une petite pancarte annonce: Nettoyage de Pessah, avec le prix habituel multiplié par deux. Le patron, un arabe, te garantit avec un grand sourire qu’il n’y aura plus une miette de h’ametz après son tipoul. Business is business.

Le dernier mois a été chargé, une campagne sous tension, des élections, une arrivée un peu brutale sur la lune. Mais tout semble déjà loin, Pessah arrive.

Les conversations redescendent sur terre, on parle de menus, d’emploi du temps et de ménage. Vous serez où pour le seder?

Les shouk Ka’h Ten se multiplient. Tu as mis des années avant de comprendre cette expression. En fait, c’est simple. Ka’h tu prends, Ten, tu donnes. Des brocantes sans argent.

Les familles se retrouvent. On s’invite. On organise des sorties avec les copains pour la semaine suivante. C’est le moment de se promener. Le printemps est là. Les enfants sont en vacances. Tu sais que tout sera bondé, comme chaque année. Ca fait partie du jeu, quand on vit collectivement et au même rythme sur un petit morceau de terre.

En attendant tu lèves ton verre avec tes collègues de bureau. Il n’y a plus de laïcs ni de religieux. C’est Pessah, tout le monde est concerné. Tu écoutes les discours sur la liberté. On va sortir d’Egypte, cette année encore, tous ensemble et personnellement. Sur le chemin du retour, la radio diffuse une émission sur ceux pour lesquels le seder est une épreuve à surmonter. Les récents divorcés. La communauté LGTB. On donne des conseils. Personne n’est oublié.

De ton côté aussi tu prends ça au sérieux. Tu essayes de mettre de l’intention dans tes actions. Nettoyer, se renouveler, s’améliorer. Faire entrer un peu de lumière dans les zones d’ombre. En tout cas essayer.

Et puis tu te projettes en train de jongler comme chaque année autour de la table du seder pour faire le pont entre les traditions et entre les sensibilités. Bibi, Gantz, Zanberg et les autres se réunissent ce soir pour sortir d’Egypte. En français et en hébreu. Et ils rient aux éclats. Comme quoi, tout est possible.

Comme ce mélange improbable de Gefilte fish et de Msoki dans ton assiette. Avec une pointe de h’azeret. Celui qui survit à ça peut traverser la mer rouge les yeux fermés, c’est certifié.

Aucun doute, c’est comme dans la chanson que tes enfants fredonnent toute la journée: Le printemps est là, et Pessah vient…

Hag Sameah!

 

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