Une histoire d’Alyah

J’ai grandi en France relativement éloignée de toute vie communautaire, élevée par des parents tunes, certes, mais tous les deux profs, dans les valeurs de la république et de la laïcité (attention dans les annees 80 c’était presque avant-gardiste), tout ce qui etait lié au judaïsme était gardé dans l’intimité de notre maison, et ni mes frères, ni moi n’avons fréquenté les mouvements juifs de jeunesse, ni jamais passé de vacances en Israël étant enfant, bref, je me suis toujours sentie très juive, mais également en décalage, et (ne vous moquez pas), je n’arrivais pas a trouver, en dehors de ma famille, d’autres juifs avec lesquels je pouvais me sentir complètement moi. En même temps, je n’en rencontrais pas énormement, d’autres juifs. Les années passent, je commence mes études de droit en France, tout va bien, sauf quand meme ce poids sur mes épaules, cette ombre de l’assimilation qui plane, au gré de mes fréquentations, toujours cette petite voix qui me dit, non, non, tu ne peux pas etre celle qui coupe le fil, et que j’essaye de faire taire quand elle devient trop insistante en me rapprochant de la fameuse “communauté”, mais sans jamais m’y retrouver. Pourtant, lorsqu’arrive la deuxieme intifada, a cause de la violence des attaques, en vrai, et aussi dans la presse et dans l’opinion, pour la première fois, je ressens un lien physique avec Israël, avec les autres juifs, bien plus fort, bien plus puissant que tout ce qui peut me relier a la France. C’est comme un électrochoc, avec le recul je me dis que c’est ce qui a semé la petite graine de l’Alyah pour moi. Mais en attendant, le calme revient en Israël et dans mon esprit. Ma vie parisienne reprend son cours. Je finis mes études, je deviens avocate. Tout va bien, en apparence, une carrière en démarrage, des amis, une famille aimante, une vie qui semble prendre forme et suivre la voie tracée, certes, avec quelques problemes d’identité, mais bon, qui n’en a pas, c’est compliqué d’être juif quand même…. sauf qu’un beau jour de janvier 2006, je me réveille d’une sieste, en pleine vacances de ski entre amis, avec une idée folle : “je lâche tout et je pars vivre en Israel”. En quelques minutes, ma décision est prise: je le fais, je pars, au moins pour essayer. Evidemment, mon entourage ne comprend pas très bien. C’est sur que ca semble sorti de nulle part. Comment ca tu lâches tout? mais tu crois que c’est comme ça, la vie? qu’on peut tout lâcher du jour au lendemain? tu ne parles pas un mot d’hébreu, tu ne connais personne en Israël, tu te rends compte de ce que tu vas perdre ici?? … C’est vrai, c’est un peu n’importe quoi, mais bizzarement, pour moi tout est clair. Je m’entête. De retour a Paris, je cherche l’adresse de l’Agence juive et je m’y présente. En septembre 2006, je suis dans l’avion pour suivre un programme massa de 6 mois (au passage, massa c’est super pour arriver ici dans de bonnes conditions). Evidemment, je ne suis jamais repartie. Aujourd’hui, presque sept ans apres, je me dis que c’etait la meilleure décision de toute ma vie, ce coup de folie au reveil d’une sieste. J’ai trouve ici mon cher mari (il était israélien en fait mon mazal!) et je suis l’heureuse maman de deux petits garcons, B”H. Mes parents se sont joints a l’aventure de l’Alya et vivent ici eux aussi. Un de mes frères egalement. Tous comme des poissons dans l’eau. Evidemment, je ne vais pas vous la faire a vous, on le sait bien que tout n’est pas facile en Israël, mais quel bonheur, quelle plénitude de pouvoir vivre ici, sur notre terre. Ce que je voulais surtout exprimer avec ce post, c’est le fait que ma plus belle surprise en arrivant a ete de constater qu’il y avait de la place pour tous, ici, oui, oui, même pour moi! Une vraie place, celle qui te rend ta liberté et te permet d’avancer. La terre du peuple juif, de tout le peuple juif, aussi varié puisse t’il être…… ( Publié en Juillet 2013 sur le groupe Tu sais que tu as fais l’Alyah quand…)

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Le temps et les envies

Il y a quelques années, avant les enfants (avant même la chienne). Un vendredi matin, N. et moi, fraîchement installés ensemble, sortons prendre notre petit déjeuner dehors. Comme tous les vendredis matins, à l’époque. La veille nous étions à un concert dans une petite salle du quartier de Neve Tsedek, et je veux passer acheter le disque du chanteur à l’Ozen Hachlichi après le petit déjeuner, pour l’écouter dans la voiture sur le chemin. On part dans le nord en début d’après midi, pour un week end entre copains dans un tzimmer. Il fait beau. J’ai pris mon cahier pour écrire au café, N. va lire les journaux, on s’installera en terrasse et on mettra nos lunettes de soleil, on profitera un peu de l’effervescence de Tel Aviv avant de prendre la route. Sur le chemin du café, on croise une famille. Les parents, jeunes et beaux, deux enfants, dont un bébé, et un chien aussi, dont la laisse est accrochée à la poussette. Je me souviens les avoir regardé attentivement et avoir pensé: c‘est exactement ce que je souhaite pour nous. Si on pouvait fonder une famille et ressembler à ça, ça serait génial.  Continuer la lecture

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Automne 2012

L’automne s’installe sur Tel Aviv. A l’heure où j’écris ces lignes, la pluie tombe dans les rues, en trombes.

J’ai vécu ma première “guerre” ici depuis que je suis arrivée, avec l’opération Pilier de Défense. Cette traduction des médias fraçais n’est d’ailleurs pas exacte, le nom en hébreu était Amoud Anan, c’est à dire colonne de nuée, une référence biblique.

J’ai eu peur. Continuer la lecture

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